Comment s’imiter des sportifs professionnels qui sont des champions dans leur domaine pour devenir un meilleur entrepreneur ? Ou pour devenir un meilleur dirigeant d’entreprises ?
Ceux qui me connaissent le savent : je suis un inconditionnel passionné de sport. J’ai toujours aimé regarder les sportifs et lire leurs biographies dans le but de progresser dans ma vie.
Dans le cadre de cet article, j’ai interviewé Julien Southon, psychologue du sport et coach de plus d’une trentaine de sportifs professionnels et de coach d’équipe de division 1.
Julien accompagne notamment plusieurs joueurs de Ligue 1 (championnat professionnel de football) ainsi que des sportifs et des coachs d’autres sports (basket, handball…).
Honnêtement il m’a complètement bluffé.
Je m’attendais à des conseils classiques et déjà entendus sur la discipline ou sur le travail. Rien du tout. Ces conseils sortent complètement du lot et n’ont jamais été lus ailleurs.
Je vous les livre dès maintenant.
PS : Cet article est le premier épisode d’une série de trois articles sur comment l’entrepreneur peut s’imiter du sportif.
Vous êtes dans les startings blocks ? C’est parti !
Table des matières
Conseil n°1 : Le repos
Et oui. Cela peut paraître surprenant mais c’est le premier conseil que Julien m’a donné.
Les dirigeants d’entreprises sont régulièrement très friands pour proposer des interventions de sportifs professionnels pour leurs équipes.
On fait venir un champion qui va nous raconter une histoire inspirante sur sa réussite et les difficultés rencontrées en chemin.
Et ensuite on retourne bosser jusqu’à 20h tous les jours jusqu’à épuisement.
Cependant, ce qu’on oublie souvent de préciser c’est que le sportif passe une grande partie de son temps à se reposer.
La moitié de la journée, le sportif la passe à se reposer. Il s’entraîne souvent le matin et l’après-midi il se repose.
En startup, on vante souvent les résultats de la fameuse Hustle Culture. Cette culture du travail qui consisterait à travailler très dur pour réussir.
Le sportif professionnel comme le dirigeant d’entreprise doit souvent être bon dans un court laps de temps. Il existe des moments dans la vie d’entrepreneur ou de dirigeant d’entreprise où il faut savoir être présent (rendez-vous avec votre banque, rendez-vous avec des investisseurs pour une levée de fonds, codir…).
Et pour cela il faut de la fraîcheur pour pouvoir prendre les bonnes décisions au bon moment.
Vous le savez peut-être mais les sportifs professionnels sont exemptés d’autant de tâche que possible. On gère très souvent leur lessive et leur repas pour qu’ils aient un minimum de microdécision à faire.
Pour commencer à optimiser votre repos voici deux conseils concrets distillés par Julien :
1. Optimiser le sommeil
Il faut arrêter de croire que nous pouvons réussir à dormir quelques heures par nuit pour réussir.
Peut-être que certains dirigeants (et ce sont des exceptions) peuvent s’en sortir en dormant quelques heures chaque nuit. Peut-être qu’Emmanuel Macron n’a besoin que de quelques heures de sommeil. Mais la plupart d’entre nous, nous n’en sommes pas là et heureusement !
Le sommeil est un élément essentiel pour tenir sur le long terme. L’entrepreneuriat est un marathon composé de sprint successif.
2. Savoir déléguer
Moi le premier j’ai longtemps fait cette erreur. D’ailleurs je le raconte dans mon article 30 erreurs de ma startup où je donne des dizaines de conseils pour les entrepreneurs qui veulent réussir leur boîte.
J’avais peur de déléguer.
Pour moi déléguer cela coutait beaucoup trop cher.
En plus pour déléguer il faut commencer par investir du temps pour former la personne. Et pendant longtemps je pensais que c’était du temps perdu.
Alors que si j’avais délégué certaines tâches où je n’avais aucun impact j’aurais pu gagner tellement plus pendant ce temps. Déléguer, cela veut aussi dire faire confiance. Et c’est en faisant confiance que vous pourrez vous reposer mentalement et physiquement pour être au top lorsque vous en aurez besoin !
Conseil n°2 : Réduire son stress et travailler sa confiance en soi
Encore un sujet sur lequel Julien m’a complètement bluffé.
Premièrement, il m’a rappelé qu’il faut distinguer confiance en soi et estime de soi. La confiance en soi est une conséquence.
C’est la conséquence de la connaissance d’une situation que vous avez déjà vécue. N’oubliez pas que la confiance en soi et le courage d’ailleurs ne sont pas des traits de personnalité mais bien des qualités que vous pouvez développer avec le temps.
La confiance en soi fluctue et se développe au fur et à mesure des expériences. Elle est la conséquence de l’expérience et de la connaissance des environnements hostiles.
La connaissance justement et l’habitude d’être dans certaines situations vous donnera de la confiance en vous.
C’est simple : imaginez votre première conférence. Il est possible que vous soyez un peu stressé si vous ne l’avez jamais fait. Mais lorsque ce sera la 10 ème vous connaitrez la situation et dégagerez naturellement de la confiance en vous.
C’est pareil pour le sportif : le premier match en ligue des champions sera naturellement impressionnant et d’ailleurs il est courant de voir des sportifs passer à coté de leur premier match en professionnel. Cependant, après un certain nombre de matchs cela devient une véritable cure de jouvence pour eux.
L’estime de soi quant à elle est une une évaluation d’une personne de sa propre valeur. Comme la confiance en soi elle peut évoluer puisque votre estime de soi ne sera pas la même aujourd’hui que dans 10 ans selon les évènements qui arriveront dans votre vie.
Encore mieux : Julien m’a livré quelques méthodes qu’il utilise pour aider les sportifs à travailler leur confiance en eux.
Conseils pour travailler votre confiance en vous
Réduire votre stress avec la respiration
L’entrepreneur vit naturellement des périodes de stress intenses. Que cela soit lorsqu’il s’agit d’aller lever des fonds et pitcher un projet à des entrepreneurs où lorsqu’il faut
Les sportifs vivent également des moments de stress intenses avant une compétition.
La première méthode pour limiter le stress est de travailler sur votre respiration. Très souvent la personne qui vit un moment de stress intense se trouve en apnée.
Pour éviter cette situation, il vous suffit de prendre quelques grandes respirations lorsque vous êtes en état de stress. Vous verrez l’effet est immédiat.
Le sport comme régulateur
Le sportif acquit naturellement de la confiance en lui lorsqu’il est dans un parfait état physique. Et c’est pareil pour l’entrepreneur où le dirigeant.
Vous pouvez utiliser le sport comme un régulateur de votre stress.
Enfin, le sport vous permettra également d’acquérir une plus grande confiance en vous : lorsque vous êtes en bonne forme physique, vous dégagez naturellement une grande confiance en vous.
Pratiquer l’imagerie
Mais cette partie mérite une partie complète 😀 Rendez-vous juste après.
Conseil n°3 : Pratiquer l’imagerie
Ce que les sportifs appellent l’imagerie, c’est ce les dirigeants d’entreprises appellent souvent la visualisation. C’est un principe qui consiste à vous imaginer dans une situation et à imaginer cette situation qui se déroule à merveille.
Pour expliquer la réussite de l’imagerie Julien m’a donné une explication très simple :
Le cerveau n’est pas capable de distinguer si une situation est réelle ou imaginaire. En visualisant une situation, vous permettez donc à votre cerveau de se préparer à une situation hostile.
Le fait de s’imaginer est une répétition grandeur nature avec deux conséquences :
- Tu te rassures
- Tu génères des images positives
Conseil pour mettre l’imagerie en place
Cela peut être difficile de commencer par mettre l’imagerie en place dans votre vie.
En effet, il est toujours
De plus, comme pour toute habitude il vous faut un certain temps avant de voir son impact dans votre vie.
Ceux qui me suivent savent que j’ai depuis peu mis en place ce système de visualisation.
Le concept est assez simple : je prends 10 minutes par jour pour visualiser des situations que je vais vivre bientôt.
Et pour le mettre en place je me fixe un challenge de 30 jours où je dois le faire tous les jours (hors week-end).
Pour le moment cela a un impact très positif sur ma vie puisque cela me permet d’être beaucoup plus détendu lorsque je dois sortir de ma zone de confort.
Conseil n°4 : Distinguer cohésion sociale et cohésion opératoire
Encore un conseil bien utile que m’a distillé Julien : distinguer la cohésion sociale et la cohésion opératoire.
C’est un conseil qui peut servir à beaucoup de chefs d’entreprise.
La cohésion sociale c’est le plaisir de retrouver ses partenaires à l’entrainement pour un sportif ou ses collègues en entreprise. Les spécialistes s’accordent pour dire que celle-ci n’impacte pas ou peu la performance.
La cohésion opératoire c’est la réaction d’une équipe face à une difficulté. Est-ce que l’équipe va s’unir et travailler ensemble lorsqu’il y a une difficulté ?
Pour réussir, c’est la cohésion opératoire qui est essentiel. Or en entreprise on organise régulièrement des actions qui permettent de développer la cohésion sociale : on va boire des verres, on va tous ensemble au restaurant…
D’autres actions pourraient permettre de développer un peu plus la cohésion opératoire.
La réussite d’une équipe provient du partage d’objectifs communs et d’une vision commune. Cela ne veut pas dire qu’il faut arrêter de travailler la cohésion sociale mais bien qu’il faut être conscient que deux types de cohésion existent.
Conseil n°5 : La méthode ultime pour prendre du recul
Dans sa gestion d’entreprise, l’entrepreneur vit sans cesse des hauts et des bas. C’est même de véritables montagnes russes émotionnelles qu’il s’apprête à affronter.
Pendant une journée, l’entrepreneur devra affronter coup sur coup bonnes et mauvaises nouvelles.
Le sportif ou le coach sportif vivent les mêmes montagnes russes après une victoire ou une défaite ou lorsqu’une blessure surgit.
Pour affronter ces montagnes russes, Julien utilise un outil de psychologie : la prise de recul.
Et pour cela il propose la méthode du questionnement socratique qui revient à se poser deux questions lorsque quelque chose se passe mal :
- Est-ce que ce que je suis en train de me dire ou de penser est vrai ? Il peut arriver qu’à partir d’un fait vous commenciez à vous imaginer tout un tas de choses (mon entreprise va fermer, je n’aurais plus de clients…)
- Est-ce que c’est grave ? Est-ce que pour autant la terre s’arrête de tourner ?
Lorsque vous vivez une déception intense ou un moment de stress élevé il est important de revenir à cette question pour prendre du recul.
Personnellement j’ai fermé une entreprise (dailleurs je raconte l’histoire dans mon article sur les erreurs de startup) et je me suis senti découragé et au fond du trou. Mais pour autant lorsque j’utilise cette méthode je me rends compte de plusieurs points :
J’avais tendance à penser que si j’avais échoué, c’est que j’étais moins bon que les autres.
➡ Est-ce que c’est vrai ? Rien n’est moins sûr. Les raisons d’un échec sont multiples.
➡ Est-ce que c’est grave ? Pas vraiment. J’ai retrouvé un travail, j’ai fait mon introspection et j’ai remonté une autre entreprise.
Conclusion
Enfin, n’oubliez pas que les plus grands sportifs ont des coachs (comme Julien) et savent s’encadrer. Il faudra y penser lorsque vous voudrez devenir le prochain Mark Zuckerberg.
D’ailleurs dans le sport de haut niveau les sportifs sont extrêmement entourés pour répondre au degré de perfectionnisme qu’impose le sport de haut niveau et les écarts minuscules entre les premiers et les seconds.
Et maintenant, comment le sportif peut-il apprendre de l’entrepreneur ?
Une première différence qui est claire c’est que l’entrepreneur doit gérer beaucoup plus d’imprévus que le sportif. Le sportif peut donc probablement tirer autant d’enseignements de l’entrepreneur que le contraire !
Vous voyez autre chose ?
Conseil de lectures pour aller plus loin :
Hubert Rippoll, le mental des champions
Hubert Ripoll, Les champions et leurs émotions
A lire sur le blog :